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    J'ai ouvert la porte et je suis tombée nez à nez avec un cheval de course, un pur-sang, un être solaire aux grands yeux jaunes-verts. Son casque de moto à la main, il a fait une sorte de pirouette sur mon paillasson, m'a offert un vrai sourire gentil.

    Je l'ai vite fait entrer pour pas qu'on me le pique, mon homme idéal et tellement imprévu.

    Il est fin, il est puissant, il est touchant. C'est un danseur étoile, un chat sauvage avec un regard d'enfant. Des cheveux châtains mi- longs caressent sa barbe de trois jours, un t-shirt laisse apparaître un bout de tatouage sur son biceps, et je devine à travers son jean râpé un petit cul à damner toutes les saintes. Pas une once de gras qui dépasse mais une grâce naturelle qui attrape chacune de mes cellules pour faire de moi une part de lui. Instantanément.J'ai servi du Pommard dans des gros verres et je me suis assise face à lui dans le fauteuil crapaud bleu. Vautré dans le canapé, il buvait des petites gorgées, faisait tourner le pied du verre entre ses doigts, parlait peu, écoutait beaucoup et il souriait franchement.

    Je le séduisais avec des mots assaisonnés, çà et là, de toutes petites manières.

    C'était un homme d'une infinie sensualité, un homme qui ne drague pas, qui ne s'écoute pas parler, mais qui entend tout ce qu'on lui dit. J'avais ferré un contemplatif aux grands yeux bien ouverts et au sourire gourmand.

    Pendant qu'il farfouillait dans la boîte à musique, je coupais des dés de fromage, les accompagnais de confis d'oignons, délicieux avec le Comté, présentais les tomates dans un joli bol, la terrine dans une petite assiette, je tranchais le pain et présentais le tout sur un plateau. Massive Attack chantait « Protection ».

    Protection

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  • De : Tom

    Envoyé : 17 mars 2009 à 20h32

    À: Emma Sujet : Quelques réponses 

    Joie ! Soulagement, fin de l'apnée, mon oxygène circule enfin ! J'ai peur. J'allume une cigarette, mes mains tremblent. J'ouvre.

    Coucou,

    J'espère que tu vas bien. J'espère mais je n'en suis pas sûr. Je sais que ta vie n'est pas facile et je sais que tu dois te poser beaucoup de questions. J'ai pris le temps de réfléchir, tu me connais, et je vais essayer de t'apporter quelques réponses.

    Depuis que nous nous sommes rencontrés, tout est allé très vite, trop vite peut-être. Je n'ai pas cessé d'essayer de te freiner, mais tu sembles ne pas vouloir comprendre.

    Tu me veux dans un avenir commun alors que je ne suis pas capable de me projeter dans demain. Tu voudrais des mots de moi que je ne pense pas, ou pas toujours. Et comme ce que tu voudrais lire n'arrive pas, tu t'enfermes dans l'appartement, tu vis dans la seule attente de pouvoir me parler, tu oublies même de travailler.

    Je veux que tu ne m'attendes pas pour vivre. Et je voudrais ne plus lire tes sous-entendus sur mon incapacité à te parler. Je n'en suis pas incapable !

    Je ne veux te dire que ce que je pense vraiment.

    Bien sûr, j'aime me coucher contre toi et te prendre dans mes bras. Bien sûr, tu es quelqu'un qui compte dans ma vie et bien sûr, je te trouve jolie.

    Ne commence pas à te détester !

    Montre-moi que tu peux être pétillante, comme avant, que tu es une guerrière et que ce n'est pas un pauvre type comme moi qui va te mettre à genoux !

    Ce n'est pas mon intention, pas du tout, crois-moi.

    Un jour, je vais rentrer et tu seras là. Tu vois, rien ne change. Alors, laisse passer le temps sans te torturer l'esprit, sans penser à ma place, sans trop penser à moi.

    Je sais que ça n'est sans doute pas ce que tu attendais en ouvrant ce mail, mais si tu lis entre les lignes, tu comprendras… Ici, tout va bien. Aussi bien que ça puisse aller au pays de la poussière. La routine s'installe. Parfois les pannes d'électricité ou de réseau, ou les deux. Si tu n'as pas de nouvelles, ce n'est pas forcément délibéré.

    Si tu as mes parents au téléphone, je sais que tu leurs parles souvent, dis leurs que ça va, que je pense bien à eux et que nous leurs rendrons une petite visite à mon retour.

    De mes lèvres à ton cœur, je trace le chemin. Prends soin de lui.

    De mes lèvres à ton c… ? Non, mais je rêve ! C'est supposé être de la comédie romantique ça ?! T'inquiète, oui, j'en prends soin ! Bien, bien soin, en lui versant de bonnes rasades d'alcool quand il est tout desséché, ces nuits de dingues, toutes ces nuits où toi tu dors, tranquille, dans ta cabane à l'ambassade, toutes ces nuits où il s'agite dans le vide ce cœur, et tant qu'on y est, une clope toutes les dix minutes aussi, histoire de l'enfumer, un peu comme tu le fais si bien avec moi ! Et tu sais quoi ? Il va super bien ! Il bat, il s'emballe aussi parfois, quand il trouve qu'il est bien long ce chemin de tes lèvres à mon…à mon cul, tiens ! Kiss my ass ! Je suis sûre que ce chemin-là est bien plus court, et tu le connais par cœur !

    Kiss my ass!

     
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